Le patrimoine à Paris18
Dossier
Mise à jour le 24/06/2025

Sommaire
Plongez au cœur de l'histoire de l'arrondissement grâce à la carte patrimoine du 18e !
Le 18e regorge d’un patrimoine incroyable qui nous fait voyager au cœur de l’histoire, des arts et des cultures. C’est l’histoire de ce patrimoine, qu’il soit matériel et immatériel, que nous racontons à travers cette carte.
Adjointe à la mémoire
Entre passé et présent, le 18e se raconte…
Des champs à perte de vue où l’on cultivait céréales, fruits et légumes… Voilà à quoi ressemblait La Chapelle jusqu’au 18e siècle. À la même époque, la colline de Montmartre était composée de moulins à vent, de fermes, de vignes et de carrières. C’est en janvier 1860 que ces deux communes, La Chapelle et Montmartre, ont été réunies sous l’impulsion de Napoléon III, dont le projet était de moderniser et d’agrandir la capitale.
Entre 1843 et 1846, la grande mutation du territoire débute. Les lignes du chemin de fer du Nord sont construites, amputant la moitié du hameau de La Goutte d'Or et traversant les terrains de La Chapelle. À la même période, en 1844, l’enceinte de Thiers (qui tient son nom d'Adolphe Thiers, alors Président du Conseil) voit le jour tout autour de Paris. C'est à la place de cette fortification, déclassifiée par la loi du 19 avril 1919, que sont construites les célèbres habitations à bon marché, appelés HBM.
Au 19e siècle, La Chapelle s'affirme comme un haut lieu industriel et créatif, attirant une nombreuse main d’œuvre, constituée de Parisien·ne·s chassé·e·s du centre de Paris par les grands travaux d’Haussmann.
Le quartier de la Goutte d'Or voit arriver au 20e siècle des vagues successives d'immigration, qui donnent au 18e cette identité multiculturelle caractéristique. Par contraste, la Butte Montmartre préserve, en partie, sur sa crête, un aspect de village perché, aux ruelles d'un autre temps avec ses derniers moulins et ses jardins préservés.
Ces dernières décennies, d'importantes et indispensables rénovations ont été conduites dans le 18e arrondissement. À l’image de la Porte de la Chapelle, avec l’arrivée de nouveaux quartiers : Chapelle International, Chapelle Charbon, Hébert, Gare des Mines. Des projets pensés durablement face aux enjeux climatiques.
La musique dans l'âme du 18e
On le sait peu, et pourtant… Le 18e fut et demeure un véritable creuset de l'inspiration musicale.
Tout commença avec la construction du mur des Fermiers généraux, en 1785, véritable enceinte fiscale dressée autour de la cité pour taxer l'entrée des produits. L’effet fut saisissant sur Montmartre : les Parisien·ne·s prirent l'habitude de passer les barrières afin de se restaurer à moindre coût, en banlieue proche, dans une ambiance festive de guinguettes. Ces guinguettes conduisirent aux cabarets et aux grands bals populaires le long des boulevards Rochechouart et Clichy : l’Élysée Montmartre, La Cigale, la Boule noire, le Divan japonais, et tant d’autres.
Puis ce fut le tour d'un nouveau genre, le cabaret artistique et littéraire, incarné par le mythique cabaret du Chat Noir. Aujourd’hui les cabarets demeurent et se réinventent à l’image de chez Madame Arthur.
À la fin du 19e siècle, Gustave Charpentier œuvra entre autres auprès des classes populaires en créant le conservatoire de Mimi Pinson, où les jeunes ouvrières du 18e étaient initiées gratuitement au chant et à l’exercice musical. Le Conservatoire du 18e lui rend aujourd’hui hommage en portant son nom. Sans oublier la présence de grands compositeurs comme Berlioz ou Satie.
Après la Seconde Guerre mondiale, une nouvelle génération d'auteurs compositeurs, authentiques poètes, vit le jour sur les pentes montmartroises : Léo Ferré, Georges Brassens, Jacques Brel, Claude Nougaro… passaient du Tire-bouchon à Chez Patachou, du mythique cabaret du Lapin Agile au nouveau Trois Baudets.
Et comment parler des grands noms de la musique dans le 18e, sans évoquer Dalida ? Artiste incontournable du 18e qui y vécut.
Parmi toute cette diversité musicale, n’oublions pas la musique Raï, dont Cheikha Remitti, surnommée la « Mamie du Raï » demeure une des plus grandes figures de ce chant populaire algérien. Dans les années 80, c’est au Béjaïa Club, haut lieu de la chanson maghrébine populaire du 18e, qu’elle devient une star. Une place porte d’ailleurs son nom dans le quartier de la Goutte d’Or. À la même période, le hip-hop rassemble sur les terrains vagues de la Chapelle et de Stalingrad celles et ceux qui portent haut et fort les 3 arts du mouvement : breakdance, graffiti et rap.
Aujourd’hui, le 18e est encore un creuset de créativité musicale et artistique. On y trouve nombre de scènes célèbres ou émergentes telles que les Trois Baudets, FGO Barbara, Le 360 Music Factory… Grâce au Mila qui fédère plus de 100 structures musicales adhérentes, du quartier Letort-Blémont- Messager, est désormais surnommée « Rue de la Musique ». À noter aussi que depuis une vingtaine d’années, le 18e est le territoire favori de nombreux labels (plus de 200 !) et artistes électro et dance.
Comment définir le patrimoine ?
Dans le 18e comme à Paris, le patrimoine
témoigne d’une très grande diversité de paysages. « C’est une notion glissante, qui s’adapte aux époques, et
à la société. Il faut en revenir toujours aux faits, à l’histoire et être le
plus honnête possible, car on ne regarde plus aujourd’hui comme on regardait
avant ou comme on regardera demain », témoigne Pauline Rossi,
Responsable des Archives de la Commission du Vieux Paris.
Le 18e en histoire(s)
Découvrir ou redécouvrir le patrimoine du 18e, et son héritage, c’est aussi apprendre à connaitre sa diversité, son énergie, son art de vivre.
Maire du 18e
L’histoire du 18e est riche, voici une sélection de dates clés.
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En 1814, le conseil de défense de Paris prend ses quartiers dans les bâtiments du Château Rouge, en pleine bataille contre les puissances coalisées contre Napoléon Ier, mais les troupes des Cosaques forcèrent la barrière de Clichy et s'installèrent sur la Butte. C'est dans ce même Château Rouge, ancien manoir démoli en 1882, que fut organisé le banquet d'où partit la Révolution de 1848.
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En 1860 les communes de la Chapelle et de Montmartre sont réunies.
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En 1871, Montmartre fut la terre d'éclosion du mouvement social libertaire de la Commune de Paris, la plus importante des communes insurrectionnelles de France, qui dura 72 jours.
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La Seconde Guerre mondiale marque profondément l’histoire du 18e, notamment le bombardement aérien des Alliés le 21 avril 1944 sur l’ancien dépôt ferroviaire de la Chapelle, dont le triste bilan monte à plus de 600 morts. C’est aussi dans le 18e que s’est tenue, dans la plus grande clandestinité, le 23 octobre 1943, au 4 rue Girardon, la première réunion du Comité Parisien de la Libération, qui fut l’organisateur coordonnateur de l’insurrection libératrice d’août 1944.
Les femmes à la conquête de l'espace public
Se balader à Paris et dans le 18e arrondissement, c’est la promesse de s’émerveiller, mais aussi d’apprendre. À chaque nouvelle voie empruntée, une surprise apparaît sur les célèbres plaques en émail à fond bleu qui les nomment.
Au Moyen-Âge baptisées oralement à partir de leur environnement social et géographique (type de commerces, métiers, monuments…), les rues se sont peu à peu officialisées pour mieux emprunter leurs noms aux événements et individus à honorer. Et alors qu’au début des années 2 000, 90 % des artères de la Capitale étaient nommées selon une personnalité masculine, la Ville de Paris a choisi de visibiliser également les femmes en donnant à ses rues, squares, écoles et autres équipements des noms de femmes qui ont compté.
Ainsi dans l’arrondissement, dans le quartier de la Goutte d’Or, vous pouvez marcher sur les pas de Cheikha Remitti en passant par la place dédiée à la célèbre féministe et musicienne.
Un peu plus loin, dans le quartier de la Chapelle, c’est la pionnière des droits des femmes, déportée et assassinée à Auschwitz Eva Kotchever qui a donné son nom à une rue.
Dans les mêmes environs, Nusch Eluard, égérie du surréalisme et résistante communiste a donné son nom à un jardin, à l’instar de la résistante Jane Vialle, dont les allées vertes ont élu domicile au 122, rue des Poissonniers.
Louise Weber, dite « La Goulue », Suzanne Leclézio et Yvonne Ziegler, couple de résistantes, ou encore Alice Milliat, célèbre sportive, engagée pour que les femmes aient accès au sport et notamment en compétition au même titre que les hommes, sont également de celles qui se sont emparées de notre espace public.
Autant de choses à découvrir au détour de balades, à pieds ou à vélo, à travers le 18e d’hier, d’aujourd’hui et même de demain, car le 18e n’est pas figé, et l’histoire continue de s’écrire
Adjointe à la mémoire