Yakoub Hamzaoui
Focus
Mise à jour le 05/09/2024
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Yakoub Hamzaoui, courir coute que coute
Il a à peine 19 ans, un talent fou pour la course, une
volonté qui ne le quitte pas. Rien ne peut arrêter ce jeune homme au regard
déterminé, les cheveux mi-longs accrochés en un chignon déstructuré, les baskets
bien lacées aux pieds.
Yakoub a quitté Alger, en Algérie, fin 2022. Après un voyage
de 16h à bord d’un bateau, il arrive enfin à Paris et plus précisément dans le
18e. A Barbès, c’est là que tout commence pour lui. Ce
quartier, dès les premiers instants, c’est un peu comme chez lui : il y
créé des amitiés chères, il y puise son énergie, il y retrouve « le parfum
de l’Algérie ». Il en fait son refuge. Encore aujourd’hui, il y revient
toujours, surtout quand sa famille et son pays lui manquent fort.
A Barbès, c’est là que tout commence
C’est aussi dans ce quartier du 18e qu’il
rencontre Daniele, un soir de maraude. Daniele, c’est un éducateur du 18e
au sourire communicatif d’une grande générosité qui accompagne les mineurs non
accompagnés (MNA) en errance. Yakoub a 17 ans à l’époque, il vient juste
d’arriver en France. Il n’a pas d’endroit où dormir, fait comme il peut pour se
nourrir. Grâce à cette rencontre, il est rapidement reconnu MNA et est pris en
charge dans le 75. Très vite, un lien de confiance se tisse entre les deux
hommes. Yakoub sait qu’il peut désormais compter sur celui qui deviendra son
ami, en plus de son protecteur.
Dans un premier temps, le jeune homme prend le chemin de la
formation professionnelle. Il souhaite devenir coiffeur. C’est une des raisons
de son installation en France. Il intègre une filière de remise à niveau. Si
Yakoub est sérieux et aussi assidu que possible, il est habité par un autre
désir, qu’il ne peut plus taire, et qui prend de plus en plus de place :
refaire du sport.
Courir, c’est son oxygène.
Pas n’importe quel sport : l’athlétisme. Courir, c’est
son oxygène. En France, personne ne le sait, ce n’était pas la priorité. Mais
il ne tient plus et explique à Daniele son parcours : il a commencé
l’athlétisme en club à 8 ans, à Alger. Son entraîneur est le champion olympique
Sid Ali Sakhri. Il est doué et surtout, il aime ça par-dessous tout. Il
aimerait reprendre, s’entraîner dur pour rattraper deux années sans courir.
Daniele accepte d’aller le voir courir. Il n’en revient pas.
« La première fois que je l’ai vu sur la piste, c’était très beau, presque
émouvant », raconte l’éducateur. Daniele devient son premier supporter et
l’aide à s’inscrire dans un club d’athlétisme, celui de Val d’Europe, dans le
77 (Seine et Marne). Il s’entraîne tous les jours, dans le 18e, au
centre sportif des Poissonniers.
L’athlétisme a repris ses droits dans sa vie. Pas suffisamment selon lui, qui voudrait courir toujours plus
Aujourd’hui, Yakoub il a 19 ans. Il un contrat jeune majeur
jusqu’à ses 21 ans. L’athlétisme a repris ses droits dans sa vie. Pas
suffisamment selon lui, qui voudrait courir toujours plus, à un niveau
supérieur. Il vient d’ailleurs tout juste de remporter le cross de Barbès.
Son courage, sa détermination, son impatience, sont sa
force. Yakoub courra le marathon de Paris le 10 août prochain avec un dossard
Paris 18. Une épreuve qu’il a déjà expérimentée une fois, en Algérie, où il
avait avalé les 42 km en 2h25. Il espère évidemment faire mieux cet été. Vu son
travail et son talent, il n’en fait aucun doute !