Si vous vous êtes récemment baladé au niveau de la Porte de Clignancourt au mois de mai, vous n’avez pas pu passer à côté de cette grande fresque d’art urbain sur un mur de 27 mètres !
Une fresque d'art urbain inaugurée à la Porte de Clignancourt !
Dans le cadre du projet FAMA Paris-Los Angeles (French American Mural Art), la fresque d'art urbain a été inaugurée le 29 mai dernier sur la place des Tirailleurs Sénégalais, dans le 18e arrondissement !
A découvrir : un documentaire filmé, réalisé et écrit par Barbara Bingley-Verseman
L'association Hypermur porteuse du projet !
Nous avons rencontré Renaud Cousin
qui dirige l’association Hypermur, une association d’art urbain née dans le 18e,
plus précisément au niveau de la rue Cavé, il y a une dizaine d’années. Dès les
premiers instants, Renaud nous évoque directement son attachement particulier
au 18e, un arrondissement qu’il porte dans son cœur.
Nous avons déjà réalisé un projet qui a duré deux ans dans le square Léon et également une fresque il y’a plusieurs années sur l'école Richomme. Nous avons un véritable lien historique avec l’arrondissement.
Renaud Cousin
Directeur de l'association hypermur
Ce mur est vraiment un emplacement idéal, il très visible, c’est un superbe espace public au cœur d’une grande esplanade ouverte et au niveau d’un carrefour très fréquenté. Donc lorsque Akelius nous a mis à disposition ce mur, nous avons sauté de joie, c’est une très belle opportunité !
Renaud Cousin
DIRECTEUR DE L'ASSOCIATION HYPERMUR
Il y a également
un lien
évident entre ce lieu et les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 et
notamment la proximité avec
le centre
sportif Bertrand Dauvin, qui sera inaugurée le samedi 25 mai prochain.
Cet équipement accueillera les athlètes du
monde entier cet été et sera un site d’entraînements de pentathlon moderne.
La
Porte de Clignancourt se trouve également à quelques rues de
l’adidas arena, nouveau complexe
sportif de la Porte de la Chapelle, qui accueillera les épreuves de badminton
et gymnastique rythmique des Jeux olympiques, ainsi que celles de para
badminton et para haltérophilie des Jeux Paralympiques.
Depuis trois ans Renaud Cousin, coordonne
le projet FAMA (French American Mural Art) avec l'Ambassade des Etats-Unis d'Amérique, un projet Franco-Américain d’art urbain donc l’objectif est
d’inviter un ou une artiste américain.e avec un ou une artiste français.e dans
une ville de France pour aborder un sujet de société à travers l’art
urbain !
Mais
c’est quoi l’art urbain au juste ?
Pour Renaud, l’art urbain, représente
la liberté et l’inattendu, car le principe c’est de créer une œuvre dans un
endroit non destiné à cela au départ. Il s’agit d’une libération du côté
cloisonné de la ville (couloirs de bus, passages piétons, rues, voie de
tramways…).
La première œuvre de FAMA (French
American Mural Art), a été réalisée
en 2021 dans le 19e arrondissement à Paris, une œuvre qui parle de
la résilience et représente un personnage qui lève les bras vers le ciel en essayant
de contrer une vague pour garder la tête hors de l’eau en ne se laissant pas
emporter et ainsi réussir à surmonter une épreuve. Cette vague faisait particulièrement écho aux différentes vagues de contaminations pendant le Covid-19.
Les huit fresques suivantes portent
sur différents thèmes : les bulles cognitives des réseaux sociaux, la richesse des héritages multiculturels, la destruction des
écosystèmes marins, le textile et la diversité, et plus récemment une fresque à
Saint-Ouen-sur-Seine et dans la ville de Metz portant également sur le thème du
sport et de l’inclusion, en face d’un collège et près d’un terrain de football.
La fresque
« Games 4 all » réalisée par les artistes Katbing et Kekli est la 9e
fresque du projet FAMA !
Une œuvre
d’art urbain qui porte un message fort autour du sport, des Jeux
Olympiques et Paralympiques et de l’inclusion.
L’art urbain possède des valeurs similaires à celles du sport,
notamment dans le muralisme il y a cet axe de performance physique en extérieur,
le travail en hauteur, sur des échafaudages, c’est plus physique et sportif que
la création artistique en atelier par exemple.
Ce côté de performance se retrouve
aussi dans le regarde des habitants, le travail en hauteur impressionne
souvent. Chaque fois que l’on donne la place au sport ou à l’art dans l’espace
public, on donne un autre sens à la ville où les habitants et les passants
peuvent s’arrêter le temps d’un instant.
Paris et Los Angeles : deux prochaines éditions olympiques !
La ville de Los Angeles accueillera les prochains Jeux Olympiques et
Paralympiques en 2028. Les deux villes ont donc fait le choix d’animer le lien
entre leurs deux éditions olympiques de 2024 et 2028.
Une série de projets sont donc portés par les deux villes pour animer
cette relation. Les porteurs et porteuses du projet côté américain sont venus
pour découvrir le quartier et le mur, nous avons construit le projet avec eux.
Ils ont également envoyé une documentariste qui est chargé de réalisé un
reportage sur l’ensemble du projet qui parlera de l’œuvre, du 18e
arrondissement, la réaction des habitant.e.s face au projet, pour toujours
continuer à faire vivre ce lien sur les deux villes.
A Paris, c’est la même chose, cette
œuvre doit parler aux habitants, aux jeunes, c’est un levier essentiel. Ce
projet doit être ancré dans le territoire du 18e, c’est une chose
importante prioritaire et centrale
C’est pour cela que l’association
Hypermur organise des ateliers autour de la création de la fresque « Games 4 all » , un atelier a récemment été organisé le 6 mai dernier avec les élèves du collège
Maurice Utrillo et les deux artistes Katbing et Kekli afin de réaliser une banderole composée d’un lettrage au nom d’une
salle du collège qui a été récemment rénovée.
Il y a également plusieurs travaux,
organisés avec l’Espace Paris Jeune Mont-Cenis et le centre social La Maison
Bleue à la Porte Montmartre. Il y’a une véritable richesse dans ce quartier
avec un centre social et des associations.
Le choix des deux artistes : Katbing et Kekli
L’association Hypermur travaille depuis plus d’an sur ce projet en
coopération avec la Ville de Los Angeles, la Ville de Paris et les habitants du
18e.
La Mairie de Los Angeles a lancé un appel
à candidatures pour les artistes, ils ont ensuite été soumis à un jury composé
des différents représentants impliqués : l’ambassade des Etats-Unis, la Ville
de Los Angeles, la Ville de Paris, la Mairie du 18e et le
propriétaire de l’immeuble Akelius.
Deux artistes ont été sélectionnés,
puis l’association Hypermur a proposé deux artistes français à associer pour
créer des binômes. Le but étant faire correspondre au mieux les artistes entre
eux, aussi bien dans la démarche artistique, dans l’esthétisme que dans les
valeurs du projet. Les deux binômes franco-américains ont ensuite été présentés
à un vote à deux occasions : au cours d’une réunion publique en janvier à
la Mairie du 18e auprès des habitants et dans un second temps aux
délégués de chaque classe du collège Maurice Utrillo à deux pas de la Porte de
Clignancourt.
A la suite de ces deux réunions,
c’est le binôme Katbing et Kekli qui a
été choisi pour le projet !
Nous avons donc rencontré les deux artistes de cette fresque, deux parfaits
inconnus l'un pour l'autre qui ont collaboré ensemble autour de leurs arts respectifs et sont
aujourd’hui devenus amis !
3 questions à Katbing - artiste, muraliste et designer
graphique de Los Angeles
Que penses-tu de l'emplacement de ce mur ?
J’adore
ce mur ! C’est le plus beau mur que je n’ai jamais peint, il mesure quand même
27 mètres de haut. J’aime également sa
localisation, c’est un quartier animé, un environnement constamment en
mouvement c’est donc très sympa de pouvoir peindre sur ce mur ici.
Le street
art c’est vraiment un art que l’on peut juste regarder et apprécier en
s’arrêtant dans la rue, tout simplement. C’est pour cela que j’aime autant ce
mur !
Que représente cette œuvre d'art urbain ?
Je pense qu’il
s’agit simplement de représenter toutes les joueuses et tous les joueurs
olympiques et paralympiques. Dans notre fresque, le skateboard représente la
modernité dans le sport, car c’est un sport Olympique très récent !
Les mains
représentent l’esprit d’équipe et la connexion internationale entre les villes
de Paris et Los Angeles. Il y a également une réelle connexion entre tous
les sports de la fresque pour accomplir un seul et même objectif.
C'était également important de mettre cette personne pratiquant la course en fauteuil au
centre de la fresque, elle représente l'endurance, la vitesse et la force.
Les joueurs de basket quant à eux nous montrent la concentration, la
précision et cela fonctionne parfaitement avec les personnages ajoutés par Kekli !
J’ai grandi en
jouant au baseball jusqu’à mes 17 ans, je suis une supportrice de l’équipe des
Dodgers de Los Angeles, donc je suis contente que cette fresque représente un
joueur de baseball c’est significatif pour moi et ce n’est même pas mon idée de
base mais bien celle de Kekli , donc on avait une bonne connexion dès le
début de la collaboration !
Il est vrai qu’avec Kekli nous sommes très similaires
! Lorsque Hypermur m’a présenté son travail j’ai tout de suite adoré !
Ce qui est important pour toi dans le sport, les valeurs du sport ?
Je pense que l’esprit d’équipe et très important dans
le sport ! Parce que souvent vous êtes amené à jouer avec des personnes que
vous ne connaissez pas, qui viennent d’un autre pays par exemple et ensemble
vous devez accomplir un même objectif. C’est
une bonne façon de se rapprocher des autres joueurs, cela m’a appris à
communiquer autrement et cela a également développé mon sens de l’humour !
C’était important pour moi, car j’étais une personne timide à l’époque, le
sport a réellement été une manière de rencontrer d’autres personnes.
3 questions à Kekli - peintre issus du graffiti, il a longtemps travaillé dans une association de sport extrême (rollers et skateboard)
Katbing avait déjà commencé a travaillé sur le sujet à Los
Angeles, elle a d’abord dessiné le croquis et les personnages : un basketteur,
une personne en fauteuil roulant et en haut une autre personne qui fait de
l'haltérophilie.
Je suis passionné de sport américain, donc je suis parti sur le baseball
pour les Jeux Olympiques 2028 et aussi sur le skateboard qui fait complètement
parti de ma culture.
En haut de la fresque il y’a deux mains qui se rejoignent ensemble pour
plusieurs raisons : l’entraide et le partage dans le quartier de la Porte de
Clignancourt comme dans le sport et les Jeux Olympiques, c’est également Katbing et moi-même en tant qu’artistes et les deux villes dont nous
venons.
Quelles techniques artistiques avez-vous utilisées (matériel, couleurs etc) ?
De base, avec Katbing, on travaille sur des couleurs très vives, mais pour
le projet on a choisi des couleurs un peu plus douces, on utilise de
l’acrylique au pinceau, à la brosse, et au rouleau.
Ensuite, on a dessiné le croquis sur une feuille A4 et pour le mettre
sur un mur de 27 mètres, la technique utilisée c’est la Doodle grid : on
dessine sur le mur des symboles qui seront des points de repère pour retracer
notre visuel en taille réelle sur le mur, ensuite on effectue les tracés sur le
mur et on effectue la phase du remplissage avec nos couleurs.
Quel est le lien entre le sport et le street art ?
Dans le sport il y a une compétition positive dans le dépassement de soi
par exemple et dans l’art c’est un peu pareil. On veut faire la fresque le plus
grande et la plus belle pour donner le meilleur de soi-même et aller toujours plus
loin et plus haut.
On souhaitait toucher le plus de personnes possible grâce à notre
fresque : le skate est un sport
jeune moderne et urbain ; il y a aussi l’importance de l’inclusion avec le
handisport et le basket pour le sport américain, on veut que le plus de
personnes possible se sentent concernées !