Cité éducative Paris18 : des projets d'envergure en faveur des enfants du 18e
Dossier
Mise à jour le 13/11/2024
La Cité éducative de Paris 18e mène des actions sur un large territoire de l'arrondissement. Ce programme permet, entre autres, de mettre en place des projets d'envergure en faveur des enfants et des jeunes, de favoriser une meilleure coordination de l'action éducative locale, de resserrer les liens entre les acteurs éducatifs… Comment se déploie-t-elle au quotidien sur le territoire ? Quels sont ses dispositifs phares ? Décryptage.
3 questions sur la Cité éducative de Paris 18
Pour en savoir plus sur la Cité éducative du 18e, nous avons échangé avec David Brée, chef de projet à la Cité éducative de Paris 18e.
Qu’est-ce que la Cité éducative ?
La Cité éducative est un programme de
l'État qui permet à un territoire en éducation
prioritaire de bénéficier de moyens supplémentaires pour favoriser une
meilleure coordination de l'action éducative locale,
resserrer les liens entre les acteurs éducatifs et faciliter les transitions
aux périodes clés de la scolarité. Ce programme vise également à
développer de nouveaux projets en faveur des enfants et des jeunes (0-25 ans).
Dans le 18e, l’action de la Cité éducative a démarré en septembre
2022. Elle est pilotée par la préfecture, l’Académie de
Paris et la Mairie du 18e.
Sa mise en œuvre opérationnelle est assurée par la Ligue de l’enseignement.
Quels quartiers du 18e font partie de la Cité éducative de Paris 18e ?
Fin janvier 2022, l’État a labellisé en tant que « Cité
éducative » un large secteur qui recouvre quatre Quartiers en Politique de
la Ville (QPV) du 18e arrondissement :
-
Porte Montmartre, Porte des Poissonniers, Moskova
-
Goutte d’Or
-
La Chapelle, Évangile
-
Porte de la Chapelle, Charles Hermite
Elle fédère 3 collèges (Maurice Utrillo ; Daniel Mayer ;
Collège Georges Clemenceau) et 29 écoles. Plusieurs
lycées (François Rabelais, Camille Jenatzy et Edmond Rostand) sont également associés
au programme.
Au quotidien, qui est à la manœuvre des projets de la cité éducative ?
Tous les acteurs éducatifs du territoire (enseignants,
parents d’élèves,
services de l’État et de la Ville de Paris, associations…) s’impliquent pour répondre
ensemble au défi de la réussite éducative des jeunes, dès leur plus jeune âge
et jusqu’au moment de leur insertion professionnelle. Ils
ont fait le choix de se mobiliser plus particulièrement sur trois enjeux :
1) Prévenir et promouvoir la santé
2) Encourager l'apprentissage du numérique
3) Développer l'engagement civique et la citoyenneté
2) Encourager l'apprentissage du numérique
3) Développer l'engagement civique et la citoyenneté
Les événements à venir
Tout au long de l'année, la Cité éducative du 18e s'anime à travers des conférences, rencontres, formations et autres événements.
Zoom sur le programme Vivre ensemble – Fri for mobberi
C’est le dispositif phare de la Cité éducative : Vivre ensemble –
Fri for mobberi. Expérimenté en 2022-2023 dans certaines écoles maternelles du
18e (3-6 ans), il a été déployé cette année dans 4 crèches de
l’arrondissement (0-3 ans). L’objectif : prévenir le harcèlement scolaire,
dès le plus jeune âge.
Pour tout savoir sur
le programme, son développement, ses missions, son action, les publics concernés, Sabine
Charles Gonzalez, cheffe
de pôle familles petite enfance à la DFPE (Direction des familles et
de la petite enfance) et Maïté Rohaut, Chargée de mission programme « Vivre Ensemble – Fri For Mobberi au sein de la Fédération de Paris de la Ligue de l'enseignement, ont répondu à nos questions. Décryptage.
D’où vient le programme Fri for mobberi ?
Le programme a été créé au Danemark il y a une vingtaine
d’années (2005) par la Fondation Mary et Save the Children Danemark. L’objectif
a toujours été de prévenir les situations de harcèlement scolaire.
Fri for mobberi signifie « libéré du harcèlement »
en danois. Le dispositif est adapté, depuis quelques années, dans d’autres
pays : la Roumanie, l’Estonie, l’Islande, la Norvège, le Groenland… et la
France, avec, entre autres, Paris, dont le 18e arrondissement.
En France, c’est la Ligue de l’enseignement
qui pilote le développement du programme, notamment dans les Cités éducatives
(mais pas seulement). La Fédération de Paris de la Ligue de l’enseignement a
été la première à se saisir du programme pour l’expérimenter au sein des Cités
éducatives du 18e et de Saint-Ouen, territoires historiques
d’expérimentation du programme au niveau national.
Fri for mobberi signifie « libéré du harcèlement » en danois
Les équipes qui développent Fri for mobberi en France adaptent
le programme à la culture de notre pays, à nos habitudes, à notre système
scolaire. L’idée n’est pas
de faire une application pure et dure de ce projet mais de s’en inspirer pour
avancer dans nos pédagogies et de l’adapter concrètement.
A qui est destiné le programme Vivre ensemble – Fri for mobberi ?
Vivre ensemble – Fri for mobberi se déploie par étape dans
les établissements situés sur le territoire de la Cité éducative du 18e.
Il a d’abord été testé dans neuf écoles maternelles du 18e
(3-6 ans) pendant l’année scolaire 22-23. Elles ont ainsi pu participer au
projet, offrant ainsi à plus de 1000 élèves l'opportunité de bénéficier de ce
programme.
Cette année 23-24, le programme a été étendu à 6 écoles
supplémentaires et il a été expérimenté dans 4 crèches (0-3 ans) du 18e :
20 rue Richomme, 8 rue Bernard Dimey, 13 rue Charles Hermite, 21 rue Henri
Huchard.
À partir de la rentrée scolaire prochaine (24-25), il sera
proposé dans des écoles de niveau élémentaire (6-9 ans) à Paris 18 et en
Ile-de-France. Le programme pour cette tranche d’âge est actuellement en cours
de traduction et d’adaptation.
Comment se déploie le programme dans les établissements concernés ?
Le programme se focalise sur la création de communautés
tolérantes et respectueuses, en renforçant les compétences interpersonnelles et
émotionnelles des enfants. Des interventions et des ressources pédagogiques
sont fournies aux enseignants, animateurs, professionnel.les de la petite
enfance, parents et enfants afin de promouvoir la bienveillance et l’empathie.
Le public concerné par le programme est multiple : les
professionnel.les bien sûr, mais aussi les parents, les animateurs, les
enfants… tout l’entourage des enfants est concerné.
Le programme se compose :
-
D’une formation de 6 heures à
destination de la communauté éducative (professionnel.les de l’enfance et
parents)
-
D’une mallette adaptée en
fonction du public comprenant des ressources d’information et de
sensibilisation, des activités pratiques ainsi que divers outils (de
communication, de dialogue, de relaxation et de bien-être)
-
D’ateliers
pédagogiques et de l’organisation de cafés des parents.
Dans quelle mesure est-ce pertinent de parler de « prévention contre le harcèlement scolaire » pour les enfants de crèche et d’école maternelle ?
Vivre ensemble Fri for
Mobberi est un programme de prévention, ce qui signifie que nous agissons en
amont pour éviter l’émergence de situations de harcèlement à mesure que les
enfants grandissent. Le harcèlement étant un phénomène de groupe, il est
crucial d’intervenir tôt, au moment où les premières relations sociales se
tissent. Il s’agit de développer chez les enfants des compétences comme
l’empathie, l’attention à l’autre et aux émotions, la tolérance et le respect,
ainsi que le pouvoir d’agir et le courage de dire non pour soi et pour les
autres. En parallèle, nous agissons auprès des adultes, éducateurs et parents,
afin qu’ils puissent accorder une attention particulière aux relations au sein
du groupe, repérer les signaux d’alerte et adopter une posture sécurisante. En
intervenant dès la crèche et de manière cohérente tout au long de la maternelle
et du primaire, nous renforçons les chances de prévenir les phénomènes
d’exclusion, de moquerie, de rejet de la différence, qui pourraient sinon
évoluer vers des situations de harcèlement.
Le harcèlement étant un phénomène de groupe, il est crucial d’intervenir tôt, au moment où les premières relations sociales se tissent.
Les objectifs du programme sont :
-
Favoriser l'amitié entre les
enfants
-
Développer le courage de dire
non face au harcèlement
-
Promouvoir la tolérance, le
respect, la bienveillance et le courage
-
Renforcer l'esprit de groupe
chez les enfants
Fri for mobberi a tout son sens dans les crèches. Travailler
avec tout-petits est extrêmement important pour développer l’empathie notamment.
Le programme aide pour la suite (pour l’école maternelle, puis élémentaire
etc), et il vient renforcer ce qui est déjà mis en place par les
professionnel.les de la petite enfance : il rappelle et clarifie la
manière dont il est bon de s’adresser à un enfant. C’est une aide, un outil,
dont il faut se saisir pour favoriser la bientraitance.
Comment est amenée à évoluer l’expérimentation ?
Un partenariat avec l’Université Paris 8 est mis en place
pour que les établissements concernés puissent échanger sur le programme et le
faire évoluer. L’idée étant de mettre en place, si besoin, des adaptations sur
les outils pour qu’ils soient au plus près des besoins des enfants et des
adultes. C’est un travail collaboratif avec les professionnel.les de la petite
enfance.
Comment se matérialise le programme Vivre ensemble – Fri for mobberi dans le quotidien des enfants ?
L’ami ours, c’est la mascotte du programme. Un ours comme un
outil pédagogique qui crée autour de lui une communauté bienveillante et qui
permet aux enfants d’exprimer leurs émotions, de développer leur empathie,
d’accepter les différences de chacune et chacun, d’apprendre à vivre ensemble
sans exclure…
Une peluche plus qu’utile puisque les premiers retours dans
le secteur de la petite enfance sont enthousiastes : l’ami ours est très
bien intégré dans les sections et les enfants l’ont bien investi. Certain.e.s
qui manquaient d’attention sont plus calmes, parviennent à mieux se concentrer,
à prendre soin de ce petit ours.
Quel est le lien entre lutte contre le harcèlement scolaire et éducation ?
Fri for mobberi ne remet pas en cause l’éducation faite dans
les familles. Le programme est un accompagnement pour les parents, et les
équipes pédagogiques. Il est construit pour que l’ensemble de la communauté
s’adapte et se remette en question pour construire un environnement le plus
bienveillant possible pour l’enfant.
Le harcèlement scolaire, c’est un problème que rencontre l’enfant. Mais c’est une responsabilité commune des adultes qui entourent cet enfant
C’est un dispositif qui se veut complémentaire entre les
différentes sphères : l’école, la crèche, les temps périscolaire… Le
travail de ces différents acteurs vise au bien-être de l’enfant. Le harcèlement
scolaire, c’est un problème que rencontre l’enfant. Mais c’est une
responsabilité commune des adultes qui entourent cet enfant, de la communauté.
L’idée, à nouveau, n’étant pas d’accabler les parents ou les professionnel.les.
L’idée c’est d’agir dans l’intérêt de l’enfant afin qu’il évolue dans des
environnements les plus sains, bienveillants et inclusifs possibles.