La Soupe de Nuit, lieu de lien social

Reportage

Mise à jour le 04/12/2025

Photo Soupe de Nuit par Erwan Floc'h
Chaque soir, au restaurant de l’ASPP (l'Association d'Action Sociale en faveur des Personnels de la Ville et du Département de Paris) dans le 18ᵉ, une équipe de bénévoles accueille 200 personnes dans le cadre de la Soupe de Nuit, un dispositif de l’Armée du Salut. Dans ce lieu entièrement rénové, la solidarité se déploie autour d’un repas chaud… mais surtout grâce à celles et ceux qui donnent de leur temps et de leur énergie. Reportage au cœur d’un dispositif essentiel du 18ᵉ.
17h45, au 108, rue des Poissonniers, la salle s’anime déjà. Les tables sont dressées avec soin, les plateaux repas alignés, le café prêt à être servi. Les bénévoles se croisent d’une table à l’autre, préparent les assiettes, découpent le fromage, vérifient chaque détail… et accueillent les bénéficiaires avec des sourires. Ici, chaque geste a son importance

Un lieu où chaque geste compte

La Soupe de Nuit a récemment quitté le 70, boulevard Barbès pour s’installer dans cet autre lieu, toujours dans le 18ᵉ, accessible pour ses habitués. « Nous avons voulu rester dans le quartier. Les bénéficiaires connaissent ces rues, c’est un repère important pour eux », nous explique Alexandra Nez, cheffe de service du dispositif.
Chaque soir, 200 personnes sont accueillies par une quinzaine de bénévoles et deux coordinateurs, mobilisés toute l’année, du lundi au dimanche. De 18h à 18h15, un créneau est exclusivement réservé aux femmes qui souhaitent un temps calme et sécurisé. Des kits d’hygiène sont également distribués et des dons de vêtements, en partenariat avec Emmaüs, complètent cet accueil inconditionnel.

Un repas chaud et une présence précieuse

Les repas arrivent chaque jour avant 17h. Ils sont préparés par Refugee Food, association et entreprise d’insertion engagée dans l’aide alimentaire. Au menu : entrée, plat chaud, fromage, yaourt et fruit. Un repas complet et de qualité.
Les mercredis, les bénéficiaires reçoivent également des fruits et légumes bio, très appréciés. Mais le rôle des bénévoles ne se limite pas à servir les plats. Ils s’assurent que chacun soit bien installé, ils prennent le temps de discuter et d’échanger avec les bénéficiaires, les écoutent, les rassurent. Après le service, certains partent en maraude avec les repas restants, d’autres préparent les activités qui suivent. « Ici, on ne sert pas que des assiettes, on offre aussi de la dignité et de la convivialité », résume Alexandra.
Les bénéficiaires sont orientés par des partenaires sociaux et peuvent profiter de permanences administratives avec des avocats bénévoles du Barreau de Paris, ou encore des consultations médicales en lien avec la Croix-Rouge. Chaque geste des bénévoles contribue à créer un environnement accueillant, agréable et sécurisé

Au-delà du repas, créer du lien et des moments d’évasion

La Soupe de Nuit, ce n’est pas seulement un dîner : c’est aussi un lieu de partage et d’évasion où les liens se tissent. Après le repas, jeux, lectures et ateliers offrent aux bénéficiaires un moment pour se rencontrer et passer un moment agréable. Alexandra aimerait développer encore des activités : séances de cinéma, bibliothèque en libre-service, séances de sport « On souhaite offrir des parenthèses de joie qui font oublier les difficultés du quotidien souvent difficile », explique-t-elle.
Pendant les fêtes de fin d’année, les bénéficiaires seront invités au réveillon solidaire de Refugee Food : spectacle et dîner festif pour célébrer la nouvelle année « Le nombre de personnes dans le besoin ne baisse pas, nous devons continuer d’être présents. Mais nous avons la chance d’avoir un grand vivier de bénévoles investis et motivés », ajoute Alexandra. C’est cette énergie humaine, discrète, généreuse et indispensable qui fait de la Soupe de Nuit bien plus qu’un dispositif alimentaire. Chaque sourire, chaque mot, chaque attention construit soir après soir un véritable lieu de vie. Dans la salle lumineuse de l’ASPP, les gestes simples deviennent essentiels, les sourires apaisent, les discussions redonnent un véritable souffle de réconfort pour celles et ceux qui en ont besoin.

J’ai commencé à être bénévole à la Soupe de Nuit en 2022. Au début, je faisais le café, je préparais la salle. Aujourd’hui, je suis en cuisine et je sers les bénéficiaires. C’est important pour moi de partager. Chaque mercredi, je viens avec l’envie de donner de mon temps, plutôt que de rester chez moi. Ici, on crée des liens : on se parle, on s’échange des sourires, et à force de se voir, on apprend à se connaître. Avec les autres bénévoles, il y a une vraie belle entente. Et puis, il faut savoir comment accueillir chaque personne : chacun a son vécu, son histoire. On fait tout pour qu’ils se sentent bien et passent un bon moment.

Marie
Bénévole depuis 3 ans

Je travaille depuis huit ans sur tous les dispositifs alimentaires de l’Armée du Salut : petits-déjeuners, maraudes, épiceries sociales, collectes alimentaires, et maintenant la Soupe de Nuit dans le 18ᵉ. Je me souviens de ma première soirée comme si c’était hier. J’ai beaucoup reçu dans ma jeunesse, c’est naturel pour moi de rendre la pareille. Au fil du temps, on arrive à créer un vrai lien avec les bénéficiaires. Et puis, il y a ces parenthèses magiques, comme les spectacles de Noël, qui offrent à tous un moment de joie et d’évasion.

Françoise
coordinatrice-bénévole depuis 8 ans