Les marches de la Butte aux couleurs de la Fête !

Reportage

Mise à jour le 03/10/2025

Au-delà des vignes, des concerts et des spectacles, l’événement invite aussi les plus jeunes à investir leur quartier autrement. C’est sur les marches de la rue du Mont-Cenis que les élèves de CM2 de l’école élémentaire Sainte-Isaure ont laissé leur empreinte artistique, guidés par Florence Vautrin, professeure d’arts plastiques. Rencontre.
Cette aventure artistique s’inscrit dans une démarche éducative pour donner aux élèves la possibilité d’exposer leurs créations, de travailler ensemble et de participer à la vie de leur quartier. C’est aussi une manière concrète d’ancrer la jeunesse du 18e au cœur de la Fête des Vendanges.

Le street art comme point de départ

Pour préparer ce projet, les élèves ont d’abord exploré l’univers du street art. Pour Florence Vautrin c’est une manière concrète d’initier les élèves à l’art : « C’est un art populaire qui leur parle directement, car ils le voient tous les jours autour d’eux ». En classe, elle leur a donc montré des photos d’œuvres visibles dans les rues de Paris, pour leur rappeler que leur ville est un véritable musée à ciel ouvert. Les enfants croisent chaque jour graffitis, logos et signes dans leur quartier et reproduisent déjà, souvent sans s’en rendre compte, des lettrages colorés dans leurs cahiers ou leurs agendas.

En classe, les élèves se sont exercés à transformer leurs prénoms en graffitis au feutre, en ajoutant des ombres et des lumières pour leur donner du relief. Ils ont aussi découvert qu’une lettre pouvait être déformée et surtout réinventée, tout en restant lisible « L’art plastique, c’est un moyen de s’exprimer », rappelle leur professeure, et ce projet leur a montré que cette expression artistique pouvait se faire devant tous, dans la rue, et non plus seulement sur une feuille pendant une séance à l’école.

Un thème de jeunesse et d’écriture

Le thème de cette édition, « Le 18e éternellement jeune », a naturellement trouvé sa place dans le projet. Les enfants ont alors puisé dans leurs gestes d’écriture les plus élémentaires : traits, boucles, points, lignes répétées. Ces graphismes, appris dès la maternelle, sont devenus les motifs de la fresque.
De loin, la répétition des signes donne l’impression de motifs textiles ; de près, elle rappelle les cahiers d’écoliers et leurs lignes d’apprentissage. Des mots clés se détachent sur les marches : « Fête des Vendanges de Montmartre et 18e éternellement jeune. « Nous avons voulu relier leur scolarité à leur quartier », explique Florence, qui a guidé les enfants vers ce mélange d’écriture et de graphisme.
Mais peindre sur des marches irrégulières n’a rien d’évident. Les enfants ont dû adapter leurs gestes, c’est ici une manière concrète d’apprendre que l’art doit aussi composer avec son support.

Un atelier hors norme sur la Butte Montmartre

Le jour J, l’escalier de la rue du Mont-Cenis s’est transformé en atelier à ciel ouvert. Florence avait minutieusement préparé le terrain : confection de pochoirs plastifiés, mode d’emploi avec des dessins pour expliquer chaque étape, numérotation des marches avec l’aide de parents. Chaque binôme d’élèves avait deux marches à peindre.
La méthode était simple mais exigeante : peindre d’abord un fond uni, puis ajouter motifs et lettrages. En tout, vingt marches ont ainsi été transformées en une fresque haute en couleurs. « Écrire directement sur une marche c’est assez compliqué », rappelle Florence, d’où l’importance des pochoirs pour guider les pinceaux. Peindre dehors, à la verticale, et sur un support irrégulier représente un vrai défi. Certain.e.s ont préféré les aplats, d’autres se sont sentis capables de tracer les signes les plus précis. « Même celles et ceux qui n’aiment pas forcément l’art plastique se sont pleinement investis dans cette œuvre ! » sourit la professeure.

Une œuvre éphémère, une expérience inoubliable

Cette fresque a été pensée comme une œuvre éphémère. Les couleurs s'estompent avec le temps, mais les élèves garderont toujours mémoire cette expérience unique. Pour ne rien oublier, les marches ont été photographiés et les clichés seront exposés dans l’école Saint-Isaure.
Pour les CM2, l’aventure a une valeur symbolique forte, car elle marque la fin de leur parcours élémentaire : « C’est un petit cadeau d’au revoir », nous confie la professeure d’arts plastiques. Savoir que leur travail est exposé au regard des habitant.e.s , de leurs familles et des voisins est pour eux une vraie source de fierté. Ce projet montre aussi que l’art peut être une manière de se relier à son quartier. Les élèves ont découvert qu’ils pouvaient, le temps d’un instant, devenir des artistes de rue et contribuer à la vie du quartier de Montmartre. « Les rires et la joie des enfants dans la rue, c’est aussi cela l’art », conclut leur professeur.
Cette fresque colorée fait briller les escaliers de la Butte Montmartre quelques semaines et offre aux enfants du 18e une expérience inoubliable, où l’art, la jeunesse et la fête se rejoignent.