La jeunesse à l'avant-poste de secours

Reportage

Mise à jour le 12/09/2024

Un jeune de l'avant poste de secours en train de marcher de dos
Lors des Jeux de Paris 2024, aux jardins d’Éole, un des deux lieux de festivité du 18e, des jeunes assuraient des premiers soins en cas de blessures. Cet avant-poste de secours assuré par la jeunesse de l'arrondissement, unique dans la capitale, est une initiative de la mairie du 18e. Reportage.
Les Jeux de Paris 2024 nous aurons fait vibrer tout l’été. Dans le 18e, nous en avons pleinement profité, notamment grâce aux deux lieux de festivité installés dans l’arrondissement aux jardins d’Éole et au square Léon Serpollet. Ils nous ont tant apporté : ces épreuves regardées ensemble sur écran géant jusqu’à la tombée de la nuit ; ces animations qui ont rythmées les journées des petits et des grands, ces rencontres, cette cohésion, ces émotions, … Éole et Serpollet sont devenus, en l’espace de cet été unique, un peu comme de vieux amis chez qui on se retrouve pour partager un moment et dont on ressort plein de souvenirs.

L'avant-poste de secours assuré par des jeunes : une initiative de la mairie du 18e

Aux Jardins d’Éole, une équipe a tout particulièrement attiré notre attention. Visibles avec leurs tee-shirt rose fuchsia, des jeunes âgés de 18 à 20 assuraient une première prise en charge en cas « petit » problème d’ordre physique ou psychologique : piqûre d’abeille ou de guêpe, chute sur un des terrains d’éducation physique, éraflure, plaie, mais aussi crise d'angoisse, sentiment de solitude, nécessité de parler…
C’est la Mairie du 18e qui a eu l’idée de la présence de ces « jeunes de l’avant-poste de secours » d’Eole, un projet réalisé en partenariat avec la Cité Educative, et qui leur a proposé de travailler tous les jeudis, vendredis et samedis, entre 17h et 21h. Deux équipes de 6 à 8 personnes ont ainsi été déployées : une pendant la période des Jeux Olympiques, l’autre pendant les Jeux Paralympiques, pour soigner les « bobos » des visiteurs.
Sur place, une partie restait au poste de l’avant-garde de secours, situé à l’entrée d’Eole, pour accueillir les personnes venues spontanément. L’autre partie effectuait des rondes sur toute la superficie des jardins par groupe de 2 ou 3, dans une démarche « d’aller vers ».

« Des formations utiles à vie »

Pour cette mission estivale inédite à Paris, puisque Éole aura été le seul lieu de festivité de la capitale à offrir ce dispositif de premiers secours, les équipes ont été formées au PSC1 (Prévention et secours civiques de niveau 1) et au PSSM (Premier secours en santé mentale) au cours du premier semestre 2024. Ces formations, financées par la mairie du 18e, en partenariat avec la Mission Locale de Paris et la Cité Educative, sont « utiles à vie », comme le dit Yannick, 18 ans, qui a couvert toute la période des Jeux de Paris 2024.
Sofiane, tout juste majeur, a suivi les formations PSC1 et PSSM en juin et juillet dernier. Il est intervenu pendant les Jeux Paralympiques. « C’était une bonne expérience, qui m’a apporté beaucoup de compétences comme savoir m’exprimer auprès d’inconnus. On devait interagir avec des publics divers : des enfants, des adultes qui exprimaient le besoin de communiquer, des gens qui s’étaient blessés… » témoigne-t-il.
Sofiane, jeune de l'avant poste de secours à Eole

Responsabilité et légitimité

Ces interactions « en vrai » ont été une excellente école, et rappelle à quel point l’expérience du terrain est primordiale. « Sur le terrain, il faut gérer son stress. Il ne s’agit pas d’un mannequin qu’on doit accompagner, détaille Sofiane, c’est un être humain qui a des douleurs et des émotions ! » La maîtrise était au rendez-vous, et petit à petit, la confiance en soi aussi. « On a géré et c’était un plaisir d’aider les gens », témoigne le jeune homme, qui reprend désormais le chemin de l’école en cette mi-septembre. Une responsabilité et une légitimité dont ces secouristes débutants ont usé avec fierté, sérieux et dévouement.

« Sur le terrain, il faut gérer son stress. Il ne s’agit pas d’un mannequin qu’on doit accompagner, c’est un être humain qui a des douleurs et des émotions ! »

Sofiane, 18 ans
Omar, habitant du 18e et animateur socioculturel de longue date à l’Espace Paris Jeune (EPJ) Nathalie Sarraute, a prêté main forte auprès de cette équipe de jeunes. C’est à lui qu’on doit le cahier qui retraçait toutes les interventions, et la constitution d’une trousse à pharmacie, bien utile pour agir rapidement. Il est ravi que ce projet d’avant-poste de secours tenu par des jeunes se soit concrétiser, ici, dans le 18e. « Ils en ont vu beaucoup de leur vie, mais je crois qu’ils n’avaient pas toujours en tête les conséquences. Grâce aux formations et à leur travail à Eole, ils ont pu reconnaître des cas de détresse psychologique ou des blessures superficielles et ils ont communiqué… Et franchement, c’était un plaisir de les voir s’investir et travailler ici ! »

Émancipation de la jeunesse

Mamadou Doucara, acteur jeunesse incontournable dans l’arrondissement, notamment directeur de l’EPJ Nathalie Sarraute, a monté ce projet main dans la main avec la municipalité du 18e. Il se félicite lui aussi des interventions et de l’implication des jeunes. « C’est une belle expérience d’émancipation de la jeunesse autour d’actes citoyens. Ça leur a permis de s’ouvrir aux autres, d’aller vers, d’avoir moins peur de parler aux inconnus. Ils avaient une légitimité, un savoir, une formation et c’était beau de les voir sur le terrain », explique-t-il. Une chose est sûre : après cette expérimentation réussie, il est certain que la dynamique enclenchée va se poursuivre sur d’autres événements, d’autres projets…
Portrait de Mamadou Diacara

« C’est une belle expérience d’émancipation de la jeunesse autour d’actes citoyens. Ça leur a permis de s’ouvrir aux autres.

Mamadou Doucara, directeur de l'EPJ Nathalie Sarraute
Les jeunes secouristes de l'avant poste de secours en patrouille