Une Place des Chibanis et des Chibanias dans le 18e
Focus
Mise à jour le 07/02/2025

Sommaire
Une place va être dénommée Place des Chibanis et des Chibanias à l’angle des rues de Chartres et de la Goutte d’Or dans le 18e. Un hommage et une visibilité pour ces personnes qui ont participé à la reconstruction de la France.
Chibani et Chibania
Venu de l’arabe maghrébin, les termes Chibani et Chibania
signifient vieux/vielle ou ancien/ancienne et désigne les personnes émigrées en
France et originaires du Maghreb après la seconde guerre mondiale et jusque
dans les années 70.
Venues pour travailler, à la demande de la France, dans les
métiers du bâtiment durant une période de reconstruction du pays, nombreuses
sont ces personnes qui, faute de stabilité de leur métier, ont été, ou sont, en
situation de précarité, notamment lors de leur retraite.
Lors du Conseil d'arrondissement du 18e arrondissement du 3 février 2025, une délibération a été votée pour nommer une place en leur nom "Place des Chibanis et des Chibanias" à l'angle des rues de Chartres et de la Goutte d'Or.
Retour sur l'histoire de ces personnes venues du Maghreb qui ont vieillis en France.
Une précarité entre deux pays
Lors de
leur arrivée, leur séjour en France ne devait être que temporaire. La
plupart d’entre eux avaient une famille dans leur pays d’origine, à qui ils
envoyaient de l’argent et qu’ils visitaient plusieurs fois par an. Avec le
temps, les Chibanis sont finalement restés en France, dépendants de ressources
économiques auxquels ils ne pouvaient plus renoncer pour faire vivre leurs
familles.
Les Chibanis ont longtemps vécu dans des installations de fortune aux alentours des agglomérations, jusqu’à ce que des Foyers de Travailleurs Migrants (FTM) soient construits. Ces logements, dotés du confort minimum, offraient des chambres collectives ou individuelles de très petite taille et des sanitaires et cuisines partagés.
Leur vie professionnelle, souvent dans des métiers difficiles, ont des conséquences lourdes sur leur santé et ils subissent un vieillissement précoces et accumulent de nombreuses pathologies. A ces difficultés médicales en fin de carrière, s'ajoutent une faible retraite du fait d'une inégalité de traitement avec
leurs compagnons de travail Français.
Les Chibanias (féminin de Chibanis) sont, quant à elles,
d’autant plus précaires que leurs carrières sont généralement interrompues ou
entrecoupées et leurs pensions de réversions assez faibles lorsqu’elles sont
veuves. A cela s’ajoute des discriminations, une certaine invisibilisation et,
indirectement, un éloignement aux droits sociaux auxquels elles pourraient
prétendre.
Un cri de mémoire
Nommer cette place est un hommage à toutes ces personnes et un cri
de mémoire pour contribuer à rattraper une visibilité nécessaire à ces hommes et ces femmes qui ont travaillé pour la France et ont trop longtemps été oublié et mis de côté.
Choisir le 18e, et en particulier la Goutte d'or, n'est pas un hasard, de nombreux Chibanis et Chabinias vivent au cœur de ce quartier. Le Café social Dejan, géré par l'association Ayyem Zamen, est l'un des lieux centraux de vie, de rencontres, d'échanges pour ces personnes âgées. C'est également un lieu d'accompagnement et d'accès aux droits .
Histoire d'ici, mémoire d'ailleurs
En 2018, la mairie du 18e a accueilli l'exposition "Histoire d'ici, mémoire d'ailleurs" qui mettaient en avant les Chibanis et Chibanias sous l'œil du photographe Luc Jennepin. Au coeur de cette exposition il était également possible d'écoute le projet sonore "Les marches" de l'artiste Eimer Birkbeck.
Ce projet mené avec les adhérentes et adhérents de l'association Ayyem Zamen, avec le soutien de la municipalité du 18e, présente 12 portraits sonores de personnes âgées immigrées et parisiennes créés pendant trois ans au fil des saisons.
Ce projet mené avec les adhérentes et adhérents de l'association Ayyem Zamen, avec le soutien de la municipalité du 18e, présente 12 portraits sonores de personnes âgées immigrées et parisiennes créés pendant trois ans au fil des saisons.