Paris Basket Fauteuil : bienvenue au club !
Reportage
Mise à jour le 28/11/2024
La vie à l’adidas arena bat son plein. Bâtie Porte de la Chapelle pour accueillir plusieurs épreuves olympiques et paralympiques des Jeux de Paris 2024, elle accueille depuis février le Paris Basketball et elle ouvre désormais ses portes à des associations, écoles, et clubs du 18e, dont le Paris Basket fauteuil. Créé et animé avec enthousiasme par le meneur de l’équipe de France Sofyane Mehiaoui, il donne leur chance aux petits et grands, filles et garçons, d’exercer leur sport dans un gymnase et une infrastructure pensés pour la discipline et les personnes en situation de handicap qui la pratiquent.
Il est 14h30 lorsqu’on arrive dans l’enceinte du gymnase. À cette heure-là, ce sont les jeunes de moins de 16 ans qui font rouler leurs fauteuils et dribbler leur ballon. Ils ne sont que quatre aujourd’hui, entrainés avec ferveur par Fadi Aldeeb. Cet athlète paralympique palestinien (qui a concouru aux Jeux de Paris 2024 en lancer de poids), basketteur professionnel en Europe, est l’un des trois complices de Sofyane Mehiaoui. « Je joue encore à haut niveau au CS Meaux (le seul club de haut niveau d’Île-de-France), j’ai dû trouver des gens pour m’accompagner dans l’aventure », nous expliquera le fondateur et président du Paris Basket Fauteuil à son arrivée au gymnase.
Un club qui s'agrandit
15h, Sofyane gare son camion sur le parking de l’adidas arena, dont l’accessibilité a été pensée avant construction. À l’intérieur du véhicule se cache du matériel que le basketteur s’excuse de devoir décharger avant de répondre à nos questions, mais aussi et surtout des maillots flambants neufs pour tous les membres du club qu’il a créé en 2021. « Aujourd’hui, on a une quarantaine de licenciés. C’est énorme, et beaucoup de jeunes viennent de loin pour s’entraîner ici », se réjouit Sofyane, qui a pu profiter du bouche-à-oreilles, mais n’a également pas hésité à aller distribuer des flyers en Mairie.
Parce que des clubs de basket fauteuil et des infrastructures permettant d’accueillir des personnes en situation de handicap, il y en a peu, voire très peu. Quand Sofyane était jeune, le seul club existant se situait dans le 15e arrondissement. Pour un habitant de Barbès, dans le 18e, il fallait alors traverser le tout Paris pour exercer sa future passion. Et ça alors même que, tel que l’affirme le champion multirécompensé, « faire du sport est un droit ». Lui qui a passé près de 12 ans à l’étranger pour sa carrière d’adulte a eu la déception de constater à son retour dans la Capitale que la situation n’avait pas vraiment changé. Qu’à cela ne tienne, décision fut prise de fonder son propre club, à l’endroit où il manquait quand il était petit.
Elies et Mehdi
Elies, membre du petit groupe des moins de 16 ans, a connu les entraînements avant que la nouvelle infrastructure de la porte de la Chapelle lui ouvre ses portes. Et il se réjouit du changement. D'abord parce que « tout le monde n'a pas la chance de jouer ici », mais aussi parce qu'il peut s'entraîner, enfin, avec des jeunes de son âge.
Dans son groupe, il y a aussi Mehdi, qui fait du basket fauteuil depuis un an. Pour lui, le club est l'occasion de faire du sport, mais aussi de s'amuser et de se faire des copains.
(Et les deux sont unanimes, Sofyane est « très gentil ».)
Dans son groupe, il y a aussi Mehdi, qui fait du basket fauteuil depuis un an. Pour lui, le club est l'occasion de faire du sport, mais aussi de s'amuser et de se faire des copains.
(Et les deux sont unanimes, Sofyane est « très gentil ».)
Pour créer son club, il a fallu de la volonté et un concours de circonstances. Rencontre avait déjà été fructueuse d’échanges avec Mams Yaffa, Adjoint au Maire du 18e, en charge des sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, quelques mois avant qu’il fasse appel à lui pour la Journée du Handicap. Désireux de réunir des jeunes et du matériel pour une opération de sensibilisation, il a alors contacté Sofyane Mehiaoui, qui en a profité pour lui parler de sa volonté de créer une structure de basket fauteuil dans l’arrondissement.
L'heure des premiers entraînements
L’idée a pris, et les entraînements ont commencé en petit comité et sur un seul créneau d’abord, de 17h à 20h, au Gymnase des Fillettes du Boulevard Ney. Pas d’autre choix alors que de mêler les petits et les grands. « Ce n’était pas idéal, ni pour les joueurs sur le terrain, ni pour la logistique ». Les plus jeunes et leurs parents notamment, étaient impactés par l’horaire.
Mais hier « aux Fillettes », comme aujourd’hui à l’adidas arena, coup de pouce et de motivation est donné par Sofyane à ceux qui ont l’âge de se débrouiller : « J’essaye de les rendre autonomes, je leur dis de venir sans leurs parents. Beaucoup intègrent des parcours classiques et se retrouvent seuls en fauteuil dans leurs classes. Ils ne peuvent pas faire de sport et sont souvent aidés. Les gens sont bienveillants, ils vont pousser le fauteuil, porter leur sac… Ça peut, dans certains cas, les empêcher de s’autonomiser. Et quand ils arrivent au club, ils ne savent pas faire du deux roues, par exemple, alors que c’est super important pour descendre un trottoir. », constate le président du PBF.
Lucas
C'est justement parce que Sofyane sait faire du deux roues que Lucas, jeune homme souriant et enthousiaste du club a pu nous parler ce jour-là à l'adidas arena. Il raconte « Ma mère avait rencontré Sofyane au hasard, en allant acheter à manger dans une sandwicherie. Elle a vu qu'il avait réussi à monter une marche énorme en inclinant son fauteuil et ça l'a interpellée. Elle lui a parlé et Sofyane lui a dit « Ramenez votre fils ! » ». Et voilà Lucas qui nous explique qu'il avait toujours voulu faire du basket, lui qui s'était essayé à l'escrime dans le 15e arrondissement quelques temps auparavant.
Faire du basket fauteuil dans un club n’est donc pas qu’une histoire sportive. C’est aussi une question sociale. Et ce d’autant plus que cette discipline accueille tout type de handicap. Les personnes valides, elles aussi, peuvent entrer dans la danse. De quoi s’ouvrir, mais aussi relativiser et s’ancrer dans le monde : « Ça permet de comprendre que le handicap n’est pas une « excuse », que ce n’est pas parce que tu es en fauteuil que tu ne peux pas réussir ou t’en sortir. Ici on s’entraide, on se stimule, on se motive ». Les raisons étaient nombreuses, donc, pour Sofyane Mehiaoui de mener son projet à bien.
L'adidas arena pour toutes et tous
Et il y en a une autre, largement prise en compte par l’adidas arena qui accueille le club aujourd’hui : l’accessibilité. « Très peu d’espaces sont accessibles aujourd’hui, ou alors pas assez. Souvent, il est question d’installer des ascenseurs, des monte-charges mais ce n’est pas suffisant, ça peut tomber en panne. Beaucoup de structures ne savent pas comment faire avec les personnes en situation de handicap », nous explique le champion, qui s’est donné comme mission de responsabiliser et de faire comprendre qu’il en faut plus : créer un parking pour accueillir les voitures de ceux qui habitent loin, ouvrir un local pour stocker le matériel… L’accessibilité, c’est quelque chose de bien plus grand.
Plus encore que l’accueil qui leur est fait au club, ses membres se réjouissent du gymnase qui leur est réservé par l’adidas arena au rez-de-chaussée. « Ici c’est tout neuf, tout beau, on aurait pu penser que ce type de lieu serait réservé à une élite mais non, on a poussé pour être là, et c’est super ! », se réjouit Sofyane. « C’est beau, il fait chaud, et le terrain est top », ajoute Lucas. Au sol, il y a du parquet, qui gagne la compétition face au revêtement sur lequel ils avaient l’habitude de jouer au Gymnase des Fillettes. « Jouer sur un parquet, ça les aide à développer leur jeu et à progresser parce qu’il y a plus d’adhérence. », constate Sofyane, en ajoutant sourire en coin que ses joueurs vont aussi plus vite, ce qui veut dire plus de sensations mais aussi plus de chutes. Pas grave ! Lucas nous montre la ceinture qui le maintient au fauteuil. Tant pis pour les chutes, les basketteurs du PBF ont bien appris à se relever.
Zoom sur… le basket fauteuil
Au basket fauteuil, sport mixte, chaque équipe est composée de 5 joueurs, qui vont s'affronter pendant 4 périodes de 10 minutes.
Parce que tout type de handicap est accepté, une classification a été mise en place, allant de 1 à 4,5. Chaque joueur est ainsi classé selon les caractéristiques de son handicap. En France, la somme des cinq joueurs ne doit pas dépasser 14,5 points tandis qu'à l'international, le total ne doit pas dépasser 14 points. Les joueurs valides, acceptés dans certaines compétitions bleu-blanc-rouge, représentent un total de 5 points.
Parce que tout type de handicap est accepté, une classification a été mise en place, allant de 1 à 4,5. Chaque joueur est ainsi classé selon les caractéristiques de son handicap. En France, la somme des cinq joueurs ne doit pas dépasser 14,5 points tandis qu'à l'international, le total ne doit pas dépasser 14 points. Les joueurs valides, acceptés dans certaines compétitions bleu-blanc-rouge, représentent un total de 5 points.