Dossier

Hébergement d'urgence, le 18e au rendez-vous

Mise à jour le 05/04/2024
Aider les plus précaires, trouver des solutions pour les personnes démunies, agir pour les populations à la rue… Autant de missions qui sont profondément ancrées dans l’ADN du 18e arrondissement de Paris. Pourtant, l’hébergement d’urgence est un sujet difficile : entre compétence de l’État et réalité du terrain, agir au quotidien est un défi que le 18e s’engage à relever depuis de nombreuses années. Décryptage.

Des collectes solidaires pour aider les plus précaires

Collecte solidaire pour les familles du CHU Valadon
Les familles accueillies au Centre d’Hébergement d’Urgence Valadon nécessitent un soutien matériel pour les femmes et les enfants.
Une collecte est organisée samedi 27 avril 2024 de 9h à 18h.
Vous pourrez venir déposer vos dons au centre situé 7, rue Ferdinand Flocon.

La collecte vise essentiellement :
- biberons en verre neufs
- des tétines neuves
- des boîtes doseuses de lait empilables (deuxième main possible)
- couches 1er et 3e âge
- serviettes hygiéniques épaisses
- matériel pour dessiner (deuxième main possible mais de qualité)
- crayons, gommettes, pinceaux, peintures, livres à colorier etc
- petits jouets pour nouveaux-nés

Merci pour vos dons !

Une meilleure offre d'hébergement

Si de nombreuses structures d’hébergement d’urgence existent dans le 18e, entièrement gérées par la DRIHL (Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement, rattaché au Préfet de la région Île-de-France), l'arrondissement va plus loin. L’action de la mairie se focalise sur l’amélioration qualitative de l’offre de l’hébergement.

Expérimenter pour améliorer les conditions de vie

Depuis 2021, une expérimentation sur plusieurs mois est menée par les services de la Direction des solidarités (DSOL), l’Espace parisien des solidarités du 18e (EPS) et le Samu social.
L'objectif : une meilleure qualité de vie à l’hôtel. Il s’agit d’une démarche pluri partenariale impliquant services de la Ville et associations qui s’est organisée en premier lieu en six axes de travail : accès aux droits, parentalité, santé, alimentation/cuisine, sports loisirs culture, scolarité des enfants en hôtel / lien famille école.
Le projet a retenu cinq hôtels de l’arrondissement, chacun sur des quartiers différents, pour débuter ce travail. Un des temps fort de cette expérimentation s’est déroulé en juin 2022 au sein du tiers-lieu de solidarité situé au 70, boulevard Barbès (lire page 16) avec AMLI. Un forum a été organisé pour les familles en hôtels et en centre d’hébergement du 18e. C’est le 1er de cette ampleur : il a permis à 41 partenaires d’être représentés dans les domaines correspondants aux six axes de travail. Ce forum a véritablement mis en lumière les ressources de l’arrondissement pouvant faciliter le quotidien des familles, permis de tisser des liens concrets et donner la possibilité aux familles de s’inscrire directement à des activités.
Le 18e souhaite renouveler l’expérience en 2023.
Qu’est-ce que le SIAO ?
Créés en 2010 et consacrés juridiquement par la loi ALUR, les missions des Services intégrés d’accueil et d’orientation (les SIAO), sous l’autorité de l’État, reposent sur quatre principes fondamentaux : l’accueil inconditionnel de toute personne en détresse médicale, psychique ou sociale, la continuité de la prise en charge, le traitement avec équité des demandes d’hébergement et l’orientation vers une prise en charge adaptée aux besoins de la personne. Le SIAO au niveau parisien est géré par le Samu social de Paris.

Mobilisé.e.s pour l'amélioration des conditions de vie

Trois questions à Pierre-Yvain Arnaud, adjoint au Mairie du 18e chargé des solidarités et de l'hébergement d'urgence
  • Comment décriveriez-vous la situation dans le 18e arrondissement actuellement ?
La situation est difficile car les services de l’État ferment les places massivement ouvertes pendant la période COVID. De nombreuses personnes et notamment des familles avec enfants se retrouvent à la rue sans nouvelles solutions d’hébergement proposées. Cela pèse aussi sur la capacité à faire face à l’installation de campements et donc de mise à l’abri.

Des familles avec enfants se retrouvent à la rue sans nouvelles solutions d'hébergement proposées

Pierre-Yvain Arnaud
adjoint au Mairie du 18e chargé des solidarités et de l'hébergement d'urgence
  • Quelles difficultés rencontrez-vous au quotidien dans l’accompagnement en hébergement d’urgence ?
L’hébergement d’urgence ne devrait être que pour de courtes périodes en particulier pour les familles car les conditions de vie restent difficiles, notamment pour les enfants. Les équipes enseignantes et les personnels de nos écoles témoignent ainsi des difficultés dans l’accompagnement scolaire et se dévouent pour aider les enfants dans leur réussite.
  • Comment envisagez-vous l’année 2023 ?
Les perspectives sont difficiles si la poursuite de fermeture de places par l’État se confirme. Comme beaucoup d’élus et d’associations nous sommes mobilisés pour demander au gouvernement de relancer la politique d’hébergement d’urgence à la fois en termes quantitatif mais aussi qualitatif.
Côté Mairie du 18e, nous sommes en effet fortement mobilisés par l‘amélioration de la vie des familles en hôtel avec la mise en place de cuisines partagées, d’accès à la culture et au numérique, et surtout de l’accès au droit.
AMÉLIORER L'ACCÈS À L'ALIMENTATION
Les cuisines partagées permettent à des publics qui vivent en hôtels sociaux ou en centres d’hébergement d’urgence, qui souvent n’ont pas de cuisine et que des micro-ondes, d’utiliser des cuisines communes toutes équipées pour préparer des repas. Elles permettent aussi d'organiser des ateliers autour du bien-manger et de la nutrition. Le 18e est pleinement impliqué dans ce travail d’améliorer l’accès à une alimentation de qualité pour des publics en précarité.

Une sortie de crise COVID lourde de conséquences

Le contexte de sortie de crise COVID est lourd de conséquence pour l’hébergement d’urgence. D’une part, les hôtels touristiques mobilisés pour l’hébergement d’urgence sont repris. D’autre part, des centres d’hébergement d’urgence (CHU) sont fermés, sans annonce de réouverture.

Des décisions de l'État

Ces actes sont des choix de l’État : on parlerait de 1 000 places sur l’Île-de-France ces derniers mois. Le 18e a par exemple vu fermer 2 hôtels IBIS (Sacré Cœur et Montmartre) en septembre dernier, d’un total de 212 places.
Ce sont 7 000 places ouvertes pendant le COVID qui ferment jusqu’à 2023 dans toute la France.
Au-delà de ces fermetures, il n'y a pas d'entrées en long séjour actuellement au niveau du 115 (uniquement de l’hébergement à la nuitée).
Au niveau des courts séjours accessibles par l’intermédiaire d’un appel au 115, on enregistre plus de 200 familles en demande non pourvues chaque soir à Paris.
COMPOSEZ LE 115
Ce numéro gratuit est un des dispositifs du Samu social de Paris, destiné à répondre aux demandes d’hébergement d’urgence des personnes sans-abri, mais aussi à assurer les orientations vers les autres dispositifs du Sami social.

Le point sur les travaux du site de la Boulangerie

Le site de la Boulangerie, situé Boulevard Ney, est l’un des plus importants sites d’hébergement d’urgence à Paris. Géré par ADOMA, il va être transformé et amélioré ces prochaines années.

Améliorer les conditions de vie

L’objectif : réduire l’effet « hébergement de masse ». L’État, propriétaire du lieu, va conserver sa dimension actuelle d’environ 500 lits et « l’humaniser » en effectuant des travaux à l’intérieur. Il souhaite diversifier les publics accueillis : avec 150 lits de court séjour, 186 de long séjour et 100 de stabilisation. L’actuel CAES (Centre d'Accueil et d'Examen des Situations administratives) long séjour dédié au public étranger de 150 places n’est pas concerné par cette rénovation et reste à l’identique.

Un 18e pleinement engagé

Le 18e, qui est pleinement intégré dans une démarche de « démassification » de l’hébergement d’urgence comme de l’accompagnement social, soutien l’État dans ces travaux.
LES CHIFFRES DE L'HÉBERGEMENT D'URGENCE DANS LE 18E
En septembre 2021, à Paris, 277 personnes en familles qui appelaient le 115 n’ont pas vu leur demande pourvue. En septembre 2022, 933 personnes en familles qui appelaient le 115 voyaient leur demande non pourvue.

Il y a aujourd’hui sur tout Paris environ 9 157 personnes sur liste d’attente pour un hébergement d’urgence, avec une demande active depuis moins de 3 mois.
Sur tout Paris, on dénombre + 66% d’appels au 115 entre septembre 2021 et septembre 2022.
En septembre 2022, sur 10 158 appels reçus, seuls 915 ont été répondus. En septembre 2022, 933 familles ont appelé le 115 et n’ont pas vu leur demande pourvue. 52 ont été pourvues.

Source : SIAO, octobre 2022

Le plan urgence hiver,
qu'est-ce que c'est ?

Chaque année, en plus du plan hiver de l’État auquel la Ville de Paris contribue par la mise à disposition de locaux, la Ville gère en propre son plan d’urgence hivernal.
Concrètement, Paris mobilise un gymnase (2 en cas de grand froid) de début décembre à fin mars. Pour éviter de trop impacter le même arrondissement, la Ville change de gymnase toutes les trois semaines. Pour autant, la majorité des personnes accueillies reste d’un gymnase à l’autre.
Ce dispositif est géré par la Ville par l'intermédiaire des travailleurs sociaux volontaires de l’Espace parisien des solidarités. L’orientation vers le gymnase se fait via l’UASA (Unité d’assistance aux personnes sans abri), les maraudes associatives et dans une autre moindre mesure le SIAO.
En plus des travailleurs sociaux, un ensemble de partenariat permet de proposer divers services :
- Ideas Box : mise à disposition d’une médiathèque en kit par la Direction des affaires culturelles, animée par l’association Bibliothèque Sans Frontière ;
- Reconnect : accompagnement à l’ouverture et à l’utilisation de coffres-forts numériques pour stocker les documents des personnes accueillies;
- Le Carillon : offre de prestations en lien avec les commerçants de l’arrondissement;
- Entourage : animation de temps d’échange avec des bénévoles (par exemple, via des ateliers jeux de société).
La nuit de la solidarité
C’est un évènement annuel initié par la Ville de Paris et dédiée aux personnes sans hébergement. Cette opération grand public permet le décompte de nuit des personnes en situation de rue, à laquelle participent des professionnels du social et des bénévoles parisiens.
Elle a pour objectif de mieux connaître les profils et les besoins des personnes à la rue afin d'adapter au mieux les politiques sociales envers ces populations fragiles.

En janvier 2022, 219 personnes ont été décomptées dans le 18e lors de la nuit de la solidarité.

Zoom sur… l'hébergement citoyen

L’accueil des demandeurs d’asile relève par nature des compétences de l’État. Toutefois, la Ville s’est engagée au-delà de ses champs traditionnels d’intervention dès l’apparition des premiers campements d’exilés en 2015. De nombreuses initiatives citoyennes, spontanées, ont émergé et, autour de cet élan de solidarité s’est progressivement développée la mobilisation de Paris pour l’accueil des réfugiés, en lien étroit avec les institutions publiques concernées et les associations de solidarité. Le Plan de mobilisation de la communauté de Paris pour l’accueil des réfugiés adopté à l’unanimité par le Conseil de Paris en octobre 2015 réunit une centaine de partenaires (institutions, associations, fondations, universitaires, chercheurs, etc.). Parmi ces initiatives, la Ville soutient plusieurs associations qui gèrent des programmes d’hébergement solidaire de demandeurs d’asile et réfugiés chez des particuliers : JRS, Singa, ou encore Réfugiés Bienvenue.
Ce type d'hébergement consiste en l’accueil chez soi, sur une durée limitée, d’une personne en situation de logement précaire.

La Halte de nuit, un dispositif pour les femmes sans abri

Située dans les anciens locaux du tribunal d'instance, une halte de nuit pour femmes dans abri a ouvert ses portes en décembre 2020 à la mairie du 18e. Ce lieu est géré par l'association Emmaüs Solidarité.
Tiers-lieu du 70 boulevard Barbès : un lieu important pour les solidarités dans le 18e
Géré depuis 2020 par AMLI, association spécialisée dans l’hébergement et l’accompagnement social des plus précaires et rattachée à Batigère, le tiers-lieu du 70, boulevard Barbès accueille d’autres associations partenaires : l’ADSF (association pour la santé des femmes), l’Armée du Salut, la maison des coursiers gérée par Coopcycle… Il dispose de 128 places environ tout public (personnes seules et familles avec enfants).

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