Rue de Laghouat : une plaque en mémoire des habitants
Actualité
Mise à jour le 10/12/2024
Nommée ainsi en 1864 en réponse à une tradition déchue consistant à célébrer les batailles et conquêtes coloniales à travers l’espace public, la rue de Laghouat est désormais accompagnée d’une plaque explicative revenant symboliquement sur l’assaut meurtrier perpétré par l’armée française dans la ville algérienne en 1852.
21 novembre 1852. Trois colonnes de soldats de l’armée française se préparent à lancer l’assaut sur la commune algérienne de Laghouat. La raison ? En pleine conquête coloniale, les habitants de cette oasis du Sahara, comme bien d’autres populations locales d’Algérie, s’insurgent contre l’invasion française. La méthode ? La « pacification » coloniale, présentée et utilisée à l’époque comme un moyen de résoudre les conflits locaux et d’assurer la paix grâce à l’intervention militaire.
Mais lorsque l’offensive est lancée le 4 décembre 1952 dans le chef-lieu de Wilaya, la pacification se transforme en démonstration de force. En quelques jours, plus de 2500 personnes perdent la vie, dont de nombreux.ses femmes, enfants et personnes âgées. Pendant que la France célèbre sa victoire militaire, le traumatisme s’ancre dans la population algérienne, et notamment dans celle de la petite ville de Laghouat, qui a perdu près des deux tiers de ses habitants pendant la bataille.
Porter la mémoire des habitants de Laghouat
Nommée ainsi en 1864 pour célébrer la victoire de l’armée française, c’est aujourd’hui au nom du devoir de mémoire et de l’amitié franco-algérienne que la rue de Laghouat se souvient désormais du massacre perpétré dans sa ville algérienne éponyme. Ainsi mercredi 4 décembre 2024, date symbolique d’anniversaire, une plaque a été posée pour revisiter l’histoire, se réapproprier la vérité et porter la mémoire des habitants de la ville assassinée. L’on peut désormais y lire :
« En 1852, l'armée française donne l'assaut à la ville algérienne de Laghouat, dont la population s'était insurgée contre la conquête impériale.
Perpétré au profit des intérêts coloniaux de la France, ce massacre sanglant, décimant les deux tiers de la population de la ville, s'apparente à un crime de guerre.
Cette rue porte la mémoire des habitants de Laghouat.
Proposée par le collectif d’historiens et de Pierre Mansat du Comité Laghouat, soutenue par la Mairie du 18e, l'apposition de cette plaque explicative est une façon pour la Ville de Paris de mieux faire connaître l’histoire de la colonisation française en Algérie et de contribuer au devoir de mémoire.